Un beau texte de Frédéric Graziani, premier associé de Christian Bois et figure historique du groupe CARRE BLEU
Mes architectures Souvenirs d’enfance, d’adolescence et d’aujourd’hui
Les empierrements, mis au jour, du temple qui découpe l’histoire d’une Jérusalem rien moins que céleste.
Les frontons immaculés, portes et fenêtres azur de maisons de pêcheurs vibrantes sous un soleil de plomb.
Les rêves de preux chevaliers au pied de forteresses médiévales en ruine, retrouvé(e)s /recréé(e)s bien plus tard, en périphérie ouvrière de Vienne la Rouge.
Les ordonnancements de pierres écrues et de briques rouges, façon décor urbain, à la gloire du pouvoir royal.
Les courbes et contre-courbes d’une église baroque, comme « vaisseau amiral » de la Contre-Réforme… moment tragique et grandiose rejoué en comédie dans les volutes de verre et d’acier d’une fondation d’un « capitaine d’industrie ».
Les dentelles rougeoyantes, enflammées d’un parlement fantomatique sublimé / volatilisé par un peintre révolutionnaire.
En amont puis en aval de la cabane de Walden, les Yourtes puis les dômes géodésiques comme autant d’abris terrestres pour nos cousin(e)s – nomades, wandervögel et hippies avant que n’éclosent ceux de nos cousin(e)s hallucinés – spationautes à venir.
Les prouesses géométriques et jeux colorés d’un club ouvrier troublé(e)s par les fumées d’usines à Magnitogorsk, quand concepteurs et producteurs voulaient bâtir la ville des constructeurs.
Matière, couleurs, gestes et paroles, dessin et destin…
Le Bleu, le Rouge, le Vert et le Jaune
La main qui trace et puis qui grave
et qui polit
La main qui signe La voix qui porte
et qui conduit
Le souffle qui rassemble
et qui disperse
La transparence du matin sous le ciel
de l’Engadine
Dans les traces du promeneur intempestif.
— Frédéric Graziani —